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Le plastique dans le Haut Bugey, par exemple chez les Montange

Posted by on 7 février 2011


Le plastique dans le Haut Bugey, chez les Montange depuis 1959, et jusqu’à maintenant…

1959, date de démarrage de l’atelier des frères Montange Eugène et Jacques à Montréal, dans un coin de la grande tournerie.

Ils étaient des mouleurs de matière plastique : le moulage du plastique consiste à faire fondre des petits grains de matière plastique (polyéthylène, polystyrène, polypropylène, nylon, etc.) puis à envoyer sous pression cette pâte plus ou moins liquide entre les deux parties (femelle et mâle) d’un moule, parties qui ménagent entre elles un creux qui sera rempli par la matière plastique fondue ; après refroidissement – et donc solidification de la matière- , on pourra sortir la pièce en plastique.

Au début, Eugène et Jacques ont commencé avec une seule presse (capacité maximale d’injection : 40 g… On était loin des presses de maintenant qui produisent d’une seule pièce des fauteuils de jardin, des pare-chocs de voitures ou de grandes comportes). Ils fabriquaient des pétales de fleurs artificielles : pétales de roses que l’on montait ensuite sur des tiges (on = les 3 générations de la famille Mermet Montange…). En fait, des roses sortaient par brassées de nombreuses maisons du Bugey, mais aussi des lilas, des dahlias, et ce, en toutes saisons, mais surtout avant la Toussaint. Cela représentait en effet un complément de revenu pour beaucoup de familles.

Ces petites presses manuelles avec des sécurités très peu sophisitiquées ont causé beaucoup d’accidents chez les mouleurs, en particulier des doigts, des mains ou même des bras écrasés. Pour vous rendre compte de ce problème, vous pourrez lire le roman de Roger Vailland, écrit en 1955, inspiré des ouvriers dans les ateliers de moulage du plastique de la région d’Oyonnax « 325.000 Francs ».

En alternance avec les pétales de fleurs, des jouets très sommaires étaient moulés, à monter aussi (roues et tourelle du char d’assaut, pales et roues de l’hélicoptère) Il fallait d’abord dégrapper, c’est-à-dire enlever les pièces de la partie carotte (qui sert à l’injection de la matière liquide dans les creux du moule qui représentent les pièces voulues) carotte qui était ensuite récupérée et broyée pour être réincorporée dans les futures pièces.

Dans les années 60, ces pièces étaient très sommaires avec une finition laissant souvent à désirer, mais il y avait un marché pour de tels types de jouets ou de fleurs artificielles. Maintenant, on n’oserait pas les mettre sur le marché !

Quand on pense aux réserves limitées de pétrole, on se dit qu’il y a 40 ans, on ne se posait pas la question et on gaspillait allégrement le plastique pour faire des objets peu durables et pas réellement nécessaires…. Les enfants d’aujourd’hui sont attirés par des jouets pleins d’électroniques, de mouvements, de moteurs, de lumières, de sons et de piles électriques…, jouets pas nécessairement plus durables, mais sûrement plus attrayants !

Dans ces années, le plastique commence à remplacer l’aluminium ou l’acier émaillé pour les cuvettes ou les seaux. Par la suite, des objets plus « utiles », plus durables, ont été moulés, les besoins en fleurs et jouets ayant progressivement évolué vers des produits moins chers ou plus beaux. L’ère des pièces industrielles avait commencé…. Pièces d’aspirateur, de machines à laver, avec des matières plastiques plus élaborées, plus résistantes (nylon avec incorporation de fibres de verre, de talc,…). De plus grosses presses à injecter sont progressivement achetées par les Montange. Elles sont de plus en plus automatisées et présentent une meilleure sécurité pour les mouleurs. Les moulages sont de plus en plus précis car les pièces sont ajustées à d’autres dans différents équipements. Certaines pièces doivent avoir une belle finition, comme les bagues et protège-tétines de biberons.

Les moules et les presses à injecter doivent donc être de plus en plus sophistiqués. En particulier, la finesse ou les formes complexes des pièces moulées demandent une puissance d’injection beaucoup plus importante car la matière doit remplir tous les interstices en passant par de petits canaux et les moules doivent être très précis car la matière en se refroidissant se rétracte plus ou moins et il faut en tenir compte pour obtenir les dimensions finales des pièces. On est bien loin des fleurs artificielles des débuts.

Il y a eu des expériences étonnantes dans ce petit atelier : moulage de pièces « confidentiel défense », moulage de nuit de certains prototypes (en mettant des rideaux devant les fenêtres et les techniciens du client repartant avec tous les déchets de plastique afin que l’on ne puisse pas analyser la matière ou voir des formes de cet objet, en fait … c’était un boîtier de lampe de poche « révolutionnaire » et jetable….

Maintenant, la plupart des objets en plastique « peu élaborés » proviennent de pays à faible coût de main d’œuvre, avec des marchés énormes à l’échelle d’un pays ou d’un continent. Bonjour la diversité !

Le coût environnemental du transport n’étant pas pris en compte, on emmène d’un bout à l’autre de la planète des matières premières ou des produits manufacturés. Auparavant, les marchés étaient très localisés, on consommait à peu près ce que l’on produisait, mis à part certains produits indispensables et présents seulement dans certaines zones comme les épices ou le sel par exemple qui, de tout temps, ont fait l’objet d’un commerce et de transport à longue distance, cf. les caravanes dans le Sahara !

Mais en fait, pourquoi Oyonnax est-elle restée capitale des plastiques pendant fort longtemps, et l’on parle même de Plastic Valley ?

Au début du XXème siècle, les artisans jurassiens travaillaient en tournerie les bois locaux, en particulier le buis pour la confection des pions de jeux d’échecs à Dortan (Ain). Puis sont arrivées les premières matières synthétiques pouvant être travaillées (au tour par exemple) pour réaliser des objets utiles: la cellulose, la galalith. Les tourneurs ont très rapidement utilisé ces matières synthétiques en complément des bois (locaux ou importés) et de la corne.

En tête de facture de Millet - Forestier

On peut voir sur cet en-tête de facture d’une manufacture que les objets sont réalisés à partir de différentes matières (dont le corrozo, appelé aussi ivoire végétal, qui est le fruit d’un palmier d’Amérique latine).

La galalith remplace progressivement l’os et l’ivoire pour les objets de base.

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