Félicien Mermet, mon grand-père
Ce n’est pas de la généalogie, c’est de l’histoire simple
Comme tout le monde, j’ai 2 grand-pères, mais Camille Montange, le patron de la tournerie, est mort en 1942, pas à la guerre, mais dans un accident de voiture au Martinet à 2 km de sa maison. Par contre, nous vivions tous (Eugène, mon père, Arlette, ma mère et Jean-Yves, mon frère) dans la maison construite en 1928, et habitée depuis, par Félicien Mermet et son épouse Marie née Duparchy, donc c’est bien Félicien mon grand-père « de référence ».
Penser que mon grand-père, né en 1893, a vu arriver (dans quel ordre ?) l’électricité, l’eau sur l’évier, l’automobile du toubib à Sonthonnax, les premiers avions, en particulier pendant la guerre de 14…, les congés payés (car il était entre temps devenu ouvrier pour subvenir aux besoins de la famille), la radio, le téléphone, la télévision en couleurs, et un peu plus tard un homme sur la lune. Et le tout en 75 ans environ… Quels changements dans la vie de tous les jours ! Je ne pense pas qu’une autre génération puisse voir autant « évoluer » l’humanité.
Et en plus, Félicien a vécu tout cela avec une jambe artificielle, suite aux éclats d’obus récoltés dans la jambe droite en 14 quelque part dans l’Est de la France ! Sauvé de la gangrène avant la découverte de la pénicilline, mais d’une manière un peu radicale !
Il n’aurait même pas dû partir du fait qu’il était soutien de famille car, orphelin de père, mais il n’avait sans doute pas osé le dire, il l’avait si peu connu son père, mort alors qu’il avait 4 ans ! Il avait été placé dès son plus jeune âge comme vacher chez des fermiers d’Izernore pendant l’été quand les vaches vont paître au champ : école l’hiver et boulot l’été. En plus, pour économiser la « chambre », il rentrait chez lui à Sonthonnax tous les soirs après son travail. Il connaissait bien sûr des raccourcis afin de ne pas suivre la route beaucoup trop longue, mais il nous racontait aussi sa peur certains soirs quand les ombres des grands arbres bougeaient avec le vent !
Amputé de retour de la guerre – et donc « nanti » d’une pension d’invalide de guerre – il lui a fallu assumer les charges de la maison (Rosine, sa mère, restant seule à Sonthonnax après le départ de sa fille, mariée à Vulvoz dans le Jura) tout en faisant vivre sa nouvelle famille à Port (près de La Cluse). Mes grands parents se sont en effet mariés avant même la fin de la guerre en octobre 1918. Ils ont déménagé pour se rapprocher des petits ateliers de Nantua, et éviter les voyages à Félicien, qui a trouvé du travail dans une fabrique de boutons à La Cluse (chez Perret à la Prairie) ; ma grand-mère, Marie, a conservé son métier de diamantaire à façon à la maison, après avoir longtemps travaillé en atelier à Liliat. En 1921, naît, à Port, Arlette, ma mère, qui restera fille unique (est-ce à cause des nombreux frères et surtout sœurs de Marie Duparchy – 13 enfants vivants qui ont essaimé aux 4 coins de France et plus : 2 à Lyon, 2 à Paris, une à Bruxelles – ?).