La vie d’un bugiste au début du XXème siècle

La vie d’un bugiste au début du XXème siècle

Quand je pense au mode de vie de mes grands parents Mermet au début du siècle dans les montagnes du côté de Sonthonnax, ils étaient vraiment presque en autarcie sur « leurs terres », ou du moins presque en équilibre au niveau d’un village ou de quelques villages de la même zone ! Les transports faciles n’existaient pas et on voyageait peu et pas loin (Félicien mon grand père n’a pas fait 10 kilomètres pour trouver son épouse à Sorpiat), sauf pour le service militaire ou la guerre pour les garçons, le travail salarié chez des patrons à la ville pour les filles. Il n’y avait pas réellement de gens riches à Sonthonnax, sauf les propriétaires terriens, la plupart des gens sont des agriculteurs, ou des journaliers.

On mangeait ce qui poussait sur la zone. Base des repas : pain cuit chaque semaine au four banal que les familles « chauffent » chacune à leur tour et pommes de terre, fruits et légumes du jardin, frais à la belle saison, séchés (haricots grains, petits pois, fèves), conservés au frais à la cave (oignons, ails et échalotes, pommes de terre, choux, courges), carottes et raves conservées dans du sable ou des feuilles de platane ou bien, plus tard, en conserve (bocaux et bouteilles de haricots verts, côtes de bette) pendant l’hiver. Pas de congélateur ! Et très peu de conserves industrielles. Pendant l’été, Marie, ma grand-mère achetait du beurre et le faisait cuire, c’est à dire qu’elle éliminait un maximum d’eau et, comme cela, il pouvait se conserver pendant tout l’hiver (ou presque… car, à la fin, il avait quand même un goût de rance, mais comme c’était pour cuisiner ou mettre dans la soupe, le goût était dilué !) Les poules pondaient beaucoup pendant l’été et les nombreux oeufs étaient conservés pour l’hiver : on les enroulait dans plusieurs épaisseurs de papier journal et on les mettait à la cave dans de grands récipients en grès. Il fallait quand même vérifier quand on le cassait qu’il était encore bon !

Pour avoir de l’huile, on récoltait des noix, ou des noisettes, qui étaient écalées et apportées au moulin pour récupérer l’huile et le tourteau (appelé brou de noix…). Cette huile était bien entendu réservée à la salade et la cuisine se faisait au beurre car il y avait des vaches dans ces montagnes et le lait était porté tous les jours à la fruitière de Nébois, à quelques kilomètres (dans des bidons – bouilles – à lait en aluminium). On pouvait y acheter du beurre et du fromage (sorte de comté ou de bleu). Une des premières huiles disponibles en magasin dans les années 50 fut l’huile d’arachide, merci aux planteurs du Sénégal. Tout début de la mondialisation…

Pas de légumes « exotiques » comme les artichauts, les asperges, les endives, les choux-fleurs… Mon grand père n’a jamais voulu goûter par exemple aux grains de maïs doux en boîte. « Le maïs, c’est pour les poules ». Pour ce qui est de la viande, bien entendu, ils en mangeaient fort peu : poules ayant fini leur travail de pondeuses (bonjour la tendreté), lapins (dont on conserve les peaux pour les vendre au ferrailleur / récupérateur surnommé « le pattis »), et du bœuf une fois par an (le « bœuf de Pâques » : période qui donnait encore lieu il y a peu à une exposition du bœuf sur pied devant la boutique du boucher à Nantua avant le passage à l’abattoir…)

Beaucoup de travaux donc du printemps à l’automne, avec l’entretien des cultures, des animaux, du jardin, les récoltes, les conserves et les travaux à façon chez les autres pour gagner un peu de cash : couper l’herbe (à la faux car il y a peu de culture mécanisée), puis le regain, pour avoir du foin en hiver, émonder les frênes quand l’herbe est trop sèche en fin d’été, faire les moissons (toujours à la faux) et se faire payer en blé pour avoir 1/ de la farine pour les gens toute l’année (à tamiser sérieusement en fin de saison pour enlever les habitants inévitables après 11 mois de conservation à l’air libre !) et 2/ du son pour les poules et les lapins. Pour nourrir les lapins, les gens cultivaient des betteraves fourragères qui se conservaient presque tout l’hiver. Pendant la guerre de 39, les grands parents ont même essayé d’écraser ces betteraves et de faire cuire le jus pour en tirer du sucre… Pas de chance, fourragère n’est pas sucrière et ils se sont passés de sucre !

A la bonne saison, il fallait aussi « faire le bois », c’est à dire abattre (à la cognée et au passe-partout, car il n’y avait pas encore de tronçonneuse !) les arbres sur la parcelle de la forêt communale (la coupe) obtenue de la mairie, puis ramener les billes à la maison, les éclater avec les coins en fer et la masse, puis les scier et les fendre à la hache. Comme on le dit en Bugey : « Le bois, il vous chauffe 3 fois : quand on l’abat, quand on le fend et quand on le brûle ! »

En hiver, il y avait beaucoup moins de travail car les champs étaient inaccessibles et cela laissait du temps pour bricoler, réparer les outils ou faire des travaux de menuiserie, ébénisterie, tournerie. Il fallait quand même s’occuper des bêtes, porter le lait à la fromagerie, sortir le fumier, mais bien des journaliers descendaient en ville pour essayer de trouver du travail, surtout en menuiserie ou tournerie, artisanat très répandu dans la vallée. C’est aussi les paysans des montagnes qui descendaient couper la glace du Lac de Sylans

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Félicien Mermet, mon grand-père

Félicien Mermet, mon grand-père

Ce n’est pas de la généalogie, c’est de l’histoire simple

Comme tout le monde, j’ai 2 grand-pères, mais Camille Montange, le patron de la tournerie, est mort en 1942, pas à la guerre, mais dans un accident de voiture au Martinet à 2 km de sa maison. Par contre, nous vivions tous (Eugène, mon père, Arlette, ma mère et Jean-Yves, mon frère) dans la maison construite en 1928, et habitée depuis, par Félicien Mermet et son épouse Marie née Duparchy, donc c’est bien Félicien mon grand-père « de référence ».

Penser que mon grand-père, né en 1893, a vu arriver (dans quel ordre ?) l’électricité, l’eau sur l’évier, l’automobile du toubib à Sonthonnax, les premiers avions, en particulier pendant la guerre de 14…, les congés payés (car il était entre temps devenu ouvrier pour subvenir aux besoins de la famille), la radio, le téléphone, la télévision en couleurs, et un peu plus tard un homme sur la lune. Et le tout en 75 ans environ… Quels changements dans la vie de tous les jours ! Je ne pense pas qu’une autre génération puisse voir autant « évoluer » l’humanité.

Et en plus, Félicien a vécu tout cela avec une jambe artificielle, suite aux éclats d’obus récoltés dans la jambe droite en 14 quelque part dans l’Est de la France ! Sauvé de la gangrène avant la découverte de la pénicilline, mais d’une manière un peu radicale !

Il n’aurait même pas dû partir du fait qu’il était soutien de famille car, orphelin de père, mais il n’avait sans doute pas osé le dire, il l’avait si peu connu son père, mort alors qu’il avait 4 ans ! Il avait été placé dès son plus jeune âge comme vacher chez des fermiers d’Izernore pendant l’été quand les vaches vont paître au champ : école l’hiver et boulot l’été. En plus, pour économiser la « chambre », il rentrait chez lui à Sonthonnax tous les soirs après son travail. Il connaissait bien sûr des raccourcis afin de ne pas suivre la route beaucoup trop longue, mais il nous racontait aussi sa peur certains soirs quand les ombres des grands arbres bougeaient avec le vent !

Amputé de retour de la guerre – et donc « nanti » d’une pension d’invalide de guerre – il lui a fallu assumer les charges de la maison (Rosine, sa mère, restant seule à Sonthonnax après le départ de sa fille, mariée à Vulvoz dans le Jura) tout en faisant vivre sa nouvelle famille à Port (près de La Cluse). Mes grands parents se sont en effet mariés avant même la fin de la guerre en octobre 1918. Ils ont déménagé pour se rapprocher des petits ateliers de Nantua, et éviter les voyages à Félicien, qui a trouvé du travail dans une fabrique de boutons à La Cluse (chez Perret à la Prairie) ; ma grand-mère, Marie, a conservé son métier de diamantaire à façon à la maison, après avoir longtemps travaillé en atelier à Liliat. En 1921, naît, à Port, Arlette, ma mère, qui restera fille unique (est-ce à cause des nombreux frères et surtout sœurs de Marie Duparchy – 13 enfants vivants qui ont essaimé aux 4 coins de France et plus : 2 à Lyon, 2 à Paris, une à Bruxelles – ?).

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ça déménage

La famille au sens plus ou moins complet ! (entre parenthèses, le nombre de membres de la famille dans le lieu)

Les déménagements de Claude, Denis et famille

01/1976 : 23 Rue Leynaud, Lyon, Rhône (2)
08/1976 : 19 Rue Magneval, Lyon, Rhône (2 puis 3)
12/1980 : Grand Bassam, Côte d’Ivoire (3)
09/1982 : Avenue de la Gare, Castries, Hérault (3 puis 4)
11/1984 : Montréal, Ain(3, car je suis à Madagascar)
03/1985 : La petite Meva, Antsirabe, Madagascar (4)
07/1985 : « Le chalet suisse », route d’Ambositra, Antsirabe (4 puis 5)
07/1987 : Antananarivo, Madagascar (5)
07/1989 : Montréal, Ain (4 et Denis de temps en temps)
08/1990 : Largo Alcibiade, CasalPalocco, Italie (5)
12/1990 : Via Tespi, Acilia Axa, Italie (5)
08/1993 : Montréal pour la famille (Montpellier pour Denis)
03/1994 : Kigali, Rwanda (5)
04/1994 : Montréal pour la famille rapatriée (Nairobi et Rome, puis Montpellier pour Denis)
05/1995 : Mbeya, Tanzanie (5, puis 4 et 1 à la fin)
12/1996 : Montréal, (Mbeya pour Denis, puis Carnon et Montpellier)
09/1997 : Montpellier, Les Cévennes avec Damien (donc 3 à Montréal)
09/1998 : Prades le Lez, Rue des Acacias (5)
08/1999 : Clapiers, Hérault (5)
08/2000 : Prades le Lez : Route de Vendargues (5)
05/2004 : Prades le Lez : Rue des Ugnis blancs (3 puis 2)
09/2020 : Montréal La Cluse

C’est un grand plaisir d’aller survoler avec Google Earth, les maisons que nous avons occupées. La seule que nous n’avons pas pu retrouver est celle de Kigali que nous avons évacuée au bout de 3 mois seulement !

 

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La famille Montange CFD3

Sans faire de la généalogie, voici un aperçu de la famille CFD3 !

Et l’on commence par…. le sort tomba sur la plus jeune…

Delphine est née à Antsirabe (Madagascar) en 1986. Nous l’avons accueillie alors qu’elle avait un mois seulement et Damien, son grand frère, était très ennuyé car il se demandait s’il allait comprendre quand elle parlerait malgache! Elle est maintenant titulaire d’un CAP de prothésiste dentaire. Elle a enchainé de nombreux CDD en prothèse, mais pas encore de CDI ! Elle habite dans le maison de famille de Montréal La Cluse

Florent est montpelliérain de naissance ; nous étions à Castries quand il est né, en 1983. Après son bac, il a décidé de faire des études courtes… : IUT d’écologie à Toulon, puis un an d’IUP à Montbéliard, un an de licence professionnelle en pathologie animale à la faculté de Lyon et 2 ans d’études spécialisées (DESTA : diplôme d’études supérieures en techniques aquacoles, mais le nom a peut-être changé !). Le tout parsemé de stages ayant trait aux poissons ou invertébrés vivant dans de l’eau – de préférence salée – : élevage de bars à Toulon, aquarium du grand Lyon, aquarium du Cap d’Agde, élevage d’holothuries – à Tuléar… Il cherche un emploi dans… un aquarium ! Et nous sommes allés le rejoindre en 2007 à Tuléar ! Avec son diplôme, il a commencé à élever des truites bio en Suisse ! Après Tuléar, cela change au niveau de la température de l’eau. L’élevage ayant périclité, il vend maintenant, toujours en Suisse, des poissons d’aquarium, tout en cherchant à s’installer reproducteur de poissons et de coraux. Il est toujours autant passionné d’animaux et a monté plusieurs vivariums dans son appart avec des dendrobates ! Si vous êtes intéressé par un aquarium ou un vivarium, allez voir son site !

Damien est, lui, lyonnais de naissance, né en 1979 dans le quartier bien connu des Minguettes à Vénissieux. Il est maintenant interne en pharmacie hospitalière au CHU de Besançon, et vient de passer sa deuxième thèse : thèse de recherche après sa thèse de pharmacie,  toutes les deux sur… – je lui demanderais plus précisément un de ces jours – , mais cela a trait à l’oncologie, cela parle de la capécitabine… , la recherche sur les cellules cancéreuses. Il est donc maintenant bi-docteur !

Claude, née Meynier de Saint Lupicin (Jura), est assistante sociale et s’occupe des personnes handicapées. Elle était à la COTOREP qui a été remplacée par une structure appelée Maison des Personnes Handicapées de l’Hérault. Maintenant elle travaille dans une structure qui s’occupe de formation des personnes handicapées, en particulier les victimes de traumatismes craniens.

Et enfin Denis, le rédacteur de ces lignes, qui est au Cirad depuis 1982, mais cela ne s’appelait pas comme ça avant, c’était l’IRAT GERDAT ! Et depuis 1982, la famille suit lors de mes affectations, enfin, … en général, enfin, …. pas tous.

Depuis 2002, je suis conseiller municipal à Prades le Lez et je vous suggère d’aller visiter le site Internet de la commune pour savoir tout ce qui se passe dans ce village sympathique !

Et en mars 2008, il nous a manqué 30 voix pour être réélus, donc nous sommes maintenant vigilants, dans une opposition constructive !



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